On ne badine pas avec l'amour
Je crois que parmi les discussions qui reviennent le plus dans les soirées, celles que j'affectionne plus particulièrement sont celles gravitant autour de l'amour... Il faut dire que le sujet est sans fin et les questions nombreuses et immuables. Quel que soit notre âge, on se pose tous les mêmes : le coup de foudre existe-t-il ? L'amour passion peut-il perdurer dans le temps ? Et au fond, sait-on vraiment ce qu'est aimer ? Mais avec les années et en fonction de notre vécu, de nouvelles interrogations apparaissent autour notamment de la difficulté d'aimer...
Car avec le temps, on se rend compte - pour certains du moins - que l'on est moins enclin à tomber amoureux. Tout est plus compliqué. On tombe moins souvent sous le charme de l'autre et les premiers pas, les premiers sourires sont moins évidents. Peut-être à cause de notre vécu, de nos échecs ; on sait ce que l'on veut mais surtout, ce que l'on ne veut plus... Nos expériences ont ancré en nous un profil type de la femme idéale qui consciemment ou non nous prédispose à être attiré par tel type de personne mais surtout à être rebuté par tel autre.
Est-ce pour autant ce profil qui nous correspond ? Là est toute la question ! Car nombreux sont ceux qui savent pertinemment qu'ils sont attirés par un type de personnes qui au fond ne leur convient pas. Le cas le plus courant étant celui de ces femmes dont l'intérêt se porte systématiquement sur le "bad boy" de service, le dragueur impénitent qui collectionne les conquêtes comme l'alcoolique, les bouteilles vides. Pour elles, le gentil garçon n'a aucun attrait... trop fade... trop insipide... - C'est d'ailleurs souvent le cas de nos jours : bien que la plupart des filles les "flattent", les romantiques n'ont plus la cote et lorsqu'elles en rencontrent un, elles passent leur chemin ! "Trop mimi, mais trop gentil pour moi" ! - Et lorsqu'au petit matin, après une nuit d'ébats à sens unique, elles ne trouvent auprès d'elles qu'un oreiller, elles se demandent : "Pourquoi je n'ai jamais de chance en amour ?"...
Mais dire que cette difficulté d'aimer ne serait liée qu'à cette empreinte laissée par nos expériences passées serait excuser nos propres défauts... Je pense qu'avec le temps on devient de plus en plus exigeant et de moins en moins tolérant sur les petits travers de l'autre. A force de vivre seul, nous avons nos habitudes et il est difficile d'accepter celles de l'autre et inversement.
Il est si difficile de trouver la bonne que lorsqu'enfin on rencontre une personne avec qui tout se passe bien, même si elle est très différente de ce type de femmes que l'on a connu, même si elle a un quotidien déjà bien rempli, on a forcément envie que savoir si cette histoire peut être la dernière... Mais pour cela, faut il encore aimer... Mais nous en revenons alors à la question essentielle : qu'est ce qu'aimer ? Comment savoir si l'on aime alors que tout est si différent et que l'on a de plus en plus de mal à se laisser aller ?
Aussi loin que je me souvienne j'ai toujours associé l'amour à cette boule au ventre que l'on ressent en attendant "l'être aimé" ou en plongeant son regard dans le sien... Comme une sorte de trac accentuée par l'envie de l'autre... Or c'est un sentiment que je n'ai pas ressenti depuis bien longtemps... Pourtant une amie me disait il y a quelques temps que pour elle cette boule au ventre, souvent associée à la passion - comme à la jalousie - était liée à un sentiment d'insécurité et n'était en aucun cas de l'amour...
Mais si c'était justement lorsque cette crainte de perdre l'autre apparaissait que naîssait le véritable amour ? C'est en tous cas ce que je me suis dit ces derniers jours lorsque j'ai eu le sentiment qu'elle s'éloignait... Et qu'une nuit cette crainte irrépréssible de la perdre est montée en moi pour ne s'estomper que lorsqu'on s'est enfin retrouvés seuls tous les deux... Deux jours magiques qui ont éveillé en moi des sensations que je n'avais plus connues, il me semble, depuis très longtemps...
"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées (...) mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui."
On ne badine pas avec l'amour. Musset.