"Ecrits... vains !" (Paul Valéry)
Je me demande ce qui fait qu'un film ou plus encore, un roman, nous touche plus qu'un autre.
Il me paraît évident déjà que dans toute fiction, l'histoire est primordiale. Si le scénario parvient à susciter notre intérêt, il me semble que le plus gros du travail est fait. Ensuite, bien sûr, la façon dont elle nous est contée, l'esquisse des personnages, leurs interactions, et les thèmes qui y sont abordés sont autant d'aspects qui peuvent plus ou moins nous toucher.
Des romanciers comme Marc Levy ou Guillaume Musso sont beaucoup critiqués pour la pauvreté de leur style et leurs histoires - que l'on dit souvent - simplistes. Certains n'hésitant pas à mettre en avant le fait que l'on ne peut attribuer le qualificatif d'écrivain à un G.Musso si nos références en matière d'écriture sont Saint-Ex. ou Maupassant. Comment en effet imaginer que ces deux "types" d'auteur si différents puissent tous jouir du statut d'écrivain alors que leurs oeuvres sont si éloignées les unes des autres ?
Car oui, Musso et Levy, ce n'est pas de la grande littérature ! Mais ce sont des histoires bien écrites et surtout très bien contées. Il y a de l'imagination, de l'émotion et même une certaine cohérence dans leur déroulement. Les histoires qu'ils nous racontent sont plus proches de nous, plus modernes, et on les parcourt un peu comme on regarde la plupart des films que nous prenons plaisir à aller voir au cinéma mais qui ne marqueront pas pour autant le septième art.
Pourtant une différence essentielle sépare ces plaisirs : alors que sous sommes simple spectateur d'un film, c'est toujours au lecteur qu'il incombe de tourner la page. Et ces quelques heures passées avec l'auteur et ses personnages se poursuivent souvent bien après avoir lu le dernier mot de l'histoire. C'est la magie de la lecture. Un roman, si on prend son temps, nous accompagne tout au long de sa lecture, même celui-ci fermé ; il est avec nous le soir avant de nous endormir, en soirée avec nos amis, dehors en ballade. Il est toujours là dans un coin de notre esprit, en toile de fond et ce, pour quelques jours, quelques semaines, voir quelques mois pour les plus marquants. Et quel dommage pour ces personnes qui ne lisent pas et aiment pourtant le cinéma de ne pas connaître ce plaisir de lire !
Mais pour revenir au sujet qui me préoccupe. Je suppose que l'émotion que l'on retire d'une histoire est souvent plus profonde qu'il n'y paraît. Si les larmes viennent au lecteur est-ce seulement parce que le personnage principal dit enfin à son fils qu'il l'aime ou plutôt parce qu'enfant lui-même n'a jamais entendu ces mots dans la bouche de son père ?... Si ces histoires nous touchent c'est parce qu'elles font écho en nous, qu'elles nous mettent face aux nos propres échecs, face à nos regrets et à nos doutes. Et cela n'est pas si facile à susciter chez les autres. Des auteurs comme Musso et Levy parviennent à créer ce sentiment d'empathie. Ils savent donner vie à des histoires qui nous touchent et cela déjà n'est pas donné à tout le monde !...